[Interview] Xavier Gallais : « J’adore tout ce qui est nouveau et qui permet de grandir, d’apprendre »

© Anne-Sophie Giraud / Ciné, Séries, Culture
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A l’occasion de la 54ème édition du Festival Off d’Avignon, j’ai pu aller à la rencontre de Xavier Gallais, qui est actuellement à l’affiche de la pièce Le Fantôme d’Aziyadé, qu’il a co-adaptée et co-mis en scène avec Florient Azoulay. La pièce se joue du 6 au 26 juillet 2019 à 11h00 au Théâtre Avignon – Reine Blanche. Il est également à l’affiche de Providence au Théâtre des Gémeaux à 13h45 du 5 au 28 juillet 2019.

Bonjour Xavier, vous avez une actualité très chargée en ce Festival OFF 2019 avec 2 pièces au programme : Le Fantôme d’Aziyadé et Providence. Pouvez-vous nous les présenter ?

Xavier Gallais : Le Fantôme d’Aziyadé, c’est un seul en scène. Je suis le seul comédien à jouer. Je suis co-adaptateur et co-metteur en scène avec Florient Azoulay, un camarade de longue date qui est mon dramaturge et collaborateur artistique. C’est une adaptation de deux romans de Pierre Loti : Aziyadé, qui est son premier roman, et Le Fantôme d’Orient. En les mélangeant l’un et l’autre, ça devient Le fantôme d’Aziyadé.

Le Fantôme Aziyadé, c’est l’histoire d’un marin français qui a réussi dans son emploi du temps très compliqué à travers le monde, à réserver trois jours à Istanbul pour essayer de retrouver les traces de son premier amour : une femme qui s’appelait Aziyadé. Cette femme vivait dans un harem, c’est donc un amour interdit qu’il a vécu dix ans auparavant quand il était en mission à Istanbul qui, à l’époque, s’appelait Stamboul. A l’époque, on ne savait jamais combien de temps on restait dans une ville : ça pouvait être trois jours, dix jours, un mois…et finalement il est resté neuf mois. Très vite, comme il était très curieux, il est descendu du navire et il est allé visiter la ville. Et un jour, à travers les barreaux en fer d’une maison dans le quartier des harems, il est tombé fou amoureux d’une jeune femme. Et elle aussi. Il s’est installé là, il a essayé de la rencontrer. Il fallait qu’elle s’évade la nuit et ils se voyaient un peu entre deux murs, dans des barques. Et puis, après, il a loué une maison, il a appris le turc pour pouvoir lui parler. Il avait des amis là-bas, il s’habillait en turc, limite s’il ne s’est pas converti.

Il revient sur les traces de cet amour-là en espérant retrouver des gens qu’il a pu rencontrer, peut-être même cette femme dont il n’a plus de nouvelles depuis sept ans puisqu’il a arrêté de lui écrire après trois ans d’absence. Finalement, il va rencontrer une ville complètement en décomposition, qu’il ne reconnait quasiment plus, qui s’occidentalise énormément, et tous les gens qu’ils connaissaient sont soient morts, soient aussi vieux que des momies. Le voilà à errer dans un labyrinthe qui est aussi bien le labyrinthe d’une Stamboul en délabrement que le labyrinthe de sa mémoire et de son propre être.

Ensuite, Providence, c’est de Neil LaBute, qui est un auteur contemporain américain vivant, auteur de beaucoup de pièces de théâtre, scénariste et même réalisateur qui est très connu aux Etats-Unis. C’est mis en scène par Pierre Laville qui a traduit la pièce. Et je joue cette pièce à deux personnages avec Marie-Christine Letort avec qui j’avais joué il y a environ vingt ans un Tartuffe. J’ai déjà joué Providence en 2003 à Paris et je m’étais toujours dit que si, un jour, je la rejouais, je voudrais la jouer avec Marie-Christine. Donc, quand on m’a proposé de la rejouer, j’ai tout de suite proposé Marie-Christine qui était libre et c’est un enchantement de pouvoir jouer avec elle ce répertoire-là. Et c’est quand même incroyable de jouer deux fois la même pièce dans sa vie, surtout une pièce qui n’est pas très connue.

Providence, c’est une pièce que l’auteur a écrite juste après le 11 septembre. C’est l’histoire d’un type qui aurait dû être dans une des deux tours jumelles pour le travail et qui avait fait un détour chez sa maîtresse qui s’avère être son chef au travail. Ça fait vingt-quatre heures qu’il est prostré dans l’appartement de sa maîtresse et que son téléphone n’arrête pas de sonner : c’est sa femme et ses deux filles qui n’arrêtent pas de l’appeler pour savoir s’il est vivant. Et il ne répond pas car il se dit que c’est peut-être l’occasion unique pour changer de vie.

Pour en revenir au Fantôme d’Aziyadé, on peut y avoir un lien avec Faim de Knut Hamsun que vous aviez joué il y a quelques années…

Oui, Quand on a adapté Le Fantôme d’Aziyadé, on a voulu faire ce spectacle en diptyque, en résonnance effectivement avec Faim, une pièce qui avait déjà été co-adaptée par Florient Azoulay et moi-même. Faim de Knut Hamsun, c’était l’errance d’un jeune homme dans une ville en construction, Oslo, qui s’appelait Christiana à la fin du XIXe siècle. Et Le Fantôme d’Aziyadé, c’est pareil : c’est fin du XIXe siècle, le début de l’industrialisation avec les laissés-pour-compte que cette industrialisation a pu laisser sur le carreau. Faim, c’était un jeune homme qui errait dans les rues d’Oslo comme dans son propre être d’ailleurs, qui voulait absolument écrire et qui était journaliste-pigiste et qui finissait par souffrir de la faim. Et c’est au moment-même de mourir qu’il découvre sa vraie voix, sa personnalité artistique et qu’il comprend ce qu’il veut écrire et ça le sauve.

Effectivement, c’est une résonance dans le sens où c’est encore une errance d’un homme à la fin du XIXe siècle, dans une grande capitale de notre monde occidental, cette fois-ci aux portes de l’Orient puisqu’il s’agit d’Istanbul. Sur ce point, c’est très commun. Les deux frisent avec la mort. Dans Le Fantôme d’Aziyadé, le narrateur ne frise pas avec sa propre mort, mais avec la mort des gens qui l’entourent. Et ce sont deux œuvres, même dans la forme des spectacles, qui sont métaphysiques. Ce sont des dérives, ce sont des spectacles un peu radicaux dans la forme, qui défendent un théâtre de la parole, où la parole devient activante d’un imaginaire chez le spectateur. Et Le Fantôme d’Aziyadé va encore plus loin que Faim dans la forme de la mise en scène en dépouillant encore plus les propositions aux spectateurs. On est quasiment à nu pour laisser vraiment une place immense d’imagination, de liberté aux spectateurs. On travaille quasiment qu’avec la voix et la musique puisque on a limité les déplacements à quasiment rien. L’acteur que je suis est assis sur une chaise et je parle au micro et je lance des sons, des musiques avec un ordinateur. Le travail sur le son dans Le Fantôme d’Aziyadé, c’est vraiment l’idée de plonger le spectateur au plus proche de la plume de Pierre Loti et de la sensualité de la voix de l’acteur, de la musicalité de la langue de Loti soutenu par toute une partition de musique contemporaine créée et composée par Olivier Innocenti qui est quelqu’un avec qui Florient Azoulay et moi travaillons depuis de nombreuses années. Il y a un gros travail de son, de rapport au micro, à la diffusion, avec Florent Dalmas aussi. Tous les deux travaillent avec moi au Conservatoire National où j’enseigne depuis six ans sur tous mes spectacles.

Ce sont deux pièces qui parlent de la solitude, de la transcendance. Ce sont deux œuvres hypnotiques. On plonge le spectateur dans la méditation. Il y en a un qui est blanc et noir, Faim, et celui là il est noir et rouge je dirais. Le but est de pouvoir les monter ensemble un jour. Elles se répondent à plein de moments, au niveau du texte, au niveau des thématiques, au niveau de la mise en scène. Il y a pleins de liens entre elles.

Faim
Faim © Fabien Pio

Dans Le Fantôme d’Aziyadé, vous êtes seul sur scène. Est-ce un exercice que vous appréciez particulièrement en tant qu’acteur ?

A priori, ce n’est pas ce que je préfère. J’adore jouer avec des partenaires. J’adore en fait être tout le temps au présent, j’adore réinventer des choses. Donc, tout le travail que j’élabore notamment avec mes élèves au Conservatoire, c’est un travail sur l’autre, c’est comment moi je mets en jeu l’autre et comment je m’abandonne à ce que l’autre essaye de bouger en moi. Et non pas l’acteur qui vient produire un résultat qui a déjà été obtenu en amont et qu’il faut représenter. Je suis vraiment dans la représentation comme étant une expérience au présent, donc j’adore le partenaire à l’évidence. Et c’est plus difficile quand je suis tout seul de me laisser bouger par l’autre. Mais j’essaye quand même de déplacer le spectateur qui est mon premier partenaire, de le bouger, d’activer l’imaginaire et l’émotion chez le spectateur avec la manière dont je prends le texte en bouche. J’essaye de changer tous les jours. J’essaye d’être à l’écoute de ce que je ressens vraiment sur le moment. C’est une expérience épuisante mais intéressante le monologue parce qu’il faut être encore plus à l’écoute du milieu qui nous entoure et qui ne s’exprime pas beaucoup, moins que quand on est avec des partenaires. Donc j’ai l’impression que ça demande une concentration qui est encore plus grande pour pouvoir être vivant. Comment faire pour ne pas dépendre que de soi quand on est seul sur scène ? Il y a pleins de choses, pleins d’éléments qui peuvent nous déplacer. Il faut être ouvert à ça. Il n’y a pas que les spectateurs. Il y a pleins d’autres choses. Donc, comme je considère que je ne maîtrise pas du tout, c’est assez passionnant car j’adore tout ce qui est nouveau, tout ce qui permet de grandir, d’apprendre. Et donc, oui, je suis très intéressé par cet exercice parce que je ne le maîtrise pas.

Tout à l’heure, vous parliez de votre collaboration avec Florient Azoulay depuis de nombreuses années. Vous venez de créer une école de théâtre tous les deux ?

Oui. La directrice du théâtre de la Reine Blanche, qui a deux théâtres à Paris et qui vient d’ouvrir le théâtre Avignon Reine Blanche où je joue Le Fantôme d’Aziyadé, nous a demandé si l’on avait envie de créer une école parce qu’elle savait qu’on travaillait ensemble régulièrement avec notre compagnie. Et on est tous les deux intéressés par la pédagogie depuis très longtemps, donc on avait déjà un projet qu’on avait budgété et qu’on n’avait pas fait car jugé trop cher.

Ensuite, on m’a demandé d’être prof au Conservatoire. C’est une expérience qui a confirmé mon désir de transmission, qui m’a renforcé, qui m’a donné confiance puisque les élèves ont l’air d’apprécier le travail que je fais avec eux. J’ai l’air d’être utile, je les vois progresser donc ça m’a amené à pouvoir répondre favorablement à une demande qui me contraint à donner encore plus de temps pour ça, tout en gardant le Conservatoire. Ça va me permettre de faire une recherche autour du jeu de l’acteur qui sera un peu plus personnelle et encore plus radicale que le travail que je fais avec des acteurs au Conservatoire où il y a un devoir quand même de respect de la tradition… Il y a une recherche particulière au Conservatoire, il y a un projet pédagogique, humain, artistique qui ne m’appartient pas auquel j’ai décidé d’adhérer et autour duquel j’essaie de réfléchir. Là, du coup, je pourrais réfléchir à un autre projet pédagogique avec Florient.

C’est un cursus qui durera 2 ans, qui sera basé autour de la recherche et de la création. Il y aura une création collective. Les élèves vont jouer leur spectacle pendant au moins un mois, tous les jours. C’est quand même rare. Et puis il y a la recherche d’une pédagogie de l’acteur où toutes les disciplines sont liées les unes aux autres. Dans le cursus, on travaille à ce que tous les cours résonnent les uns avec les autres pour faciliter les liens que l’élève, futur acteur, peut faire dans l’exercice de son travail. On n’imagine pas les disciplines comme étant avec des ponts possibles de temps en temps mais vraiment les différentes disciplines comme faisant partie du jeu de l’acteur du XXIe siècle. Il s’agit constamment d’avoir une conscience de son propre corps dans l’espace et d’avoir appris à faire des propositions à tout metteur en scène que ce soit physique, intellectuelles, émotionnelles, que le chant soit induit dans la manière dont on s’empare de la parole, ce genre de choses. On va les aider à faire ça. Et puis il y aura pas mal de travail aussi sur la production. Comment, une fois que l’on sait un peu mieux qui l’on est, quand on sait comment on peut rentrer en communication avec l’autre qui n’est pas comme nous et comment on peut se nourrir de l’autre, qu’est-ce que moi j’ai envie de dire ? Comment le dire ? Comment être entendu ? Il ne s’agit pas seulement d’avoir des projets dans sa tête et dans sa salle de bains mais de pouvoir avoir les moyens concrets de trouver l’argent, les bonnes personnes, les bons endroits. Ça c’est l’Ecole de la Salle Blanche.

Les élèves pourront s’inscrire à partir de 18 ans jusqu’à… Il n’y a pas de limite d’âge. Et il y aura des élèves de tous niveaux mélangés puisque l’on cherche des humains, des gens qui soient curieux, qui ont envie d’apprendre. Il y aura aussi beaucoup de cours d’histoire de l’art, d’histoire des pensées, de dramaturgie, de comment un texte est structuré, de comment après en rendre compte et aussi du corps, de l’émotion. Enfin, il y aura beaucoup de choses. C’est entre quinze et vingt heures de cours par semaine quand même pendant deux ans ! Mais c’est un beau projet qui m’excite énormément.

Pour en revenir à Providence, c’est un tout autre exercice que Le Fantôme d’Aziyadé. Vous êtes deux sur scène et puis le texte est radicalement différent, plutôt brut…

Oui. C’est vrai qu’au niveau de la langue, c’est quand même différent. Le Fantôme d’Aziyadé, c’est une langue hyper fluide où je fais les pleins, les déliés, les féminines, les masculines et les liaisons, il y a quelque chose vraiment qui coule, le beau langage du début du XIXe. Là, on est dans une langue a priori plus quotidienne, plus cru, plus directe. C’est une traduction d’une pièce américaine donc les américains, ils sont droits, ils sont courts. C’est une langue active et je pense que la traduction respecte vraiment bien cela. Par contre, c’est très cru. Pour le niveau du jeu, on n’est pas chez un prince. C’est l’histoire d’un homme très lâche, qui passe par beaucoup de couleurs, mais la langue ceci étant dit elle est quand même musicale, elle est écrite comme une partition à deux voix et très souvent on se coupe la parole ou on parle l’un sur l’autre et ça, c’est écrit dans la pièce. Il y a tout un système de barres obliques qui rendent compte de ça. On sait que quand il y a une barre oblique, c’est le moment où la réplique d’en dessous doit commencer, mais nous on doit finir notre phrase en même temps. Donc, c’est une langue, si on ne veut pas être formel, qui induit déjà une certaine organicité, une physicalité. Et une fois que l’on a bien appris la partition, qu’on l’a faite de manière technique, c’est jouissif de pouvoir se libérer de ça et de commencer à respirer cette écriture. Et elle n’est pas du tout quotidienne en fait. Les thématiques de la pièce renvoient d’ailleurs à la tragédie. Vu qu’il y a eu la catastrophe du 11 septembre quelques heures avant, ils sont complètement impactés par cela. On pourrait dire que c’est une histoire de couple, de trahisons, ce qui est le cas, mais qui est transcendé par l’événement qui vient d’arriver. En fait, j’ai l’impression que c’est une pièce qui devient une parabole de la déchéance du couple capitaliste.

Vous disiez que c’était brut, je dirais que c’est carnassier, c’est guerrier. On a comme qui dirait deux tours qui pendant une heure trente vont se taper dessus pour essayer de détruire l’autre afin qu’elle s’effondre. Et, à la fin, on a deux tours qui sont effondrées complètement, comme les grandes qui sont en face d’eux.

Avez-vous d’autres projets qui se profilent à l’horizon après le Festival OFF 2019 ?

En dehors des vacances bien méritées ? (Rires). A la rentrée, je reprends un spectacle magnifique qui s’appelle La fin de l’homme rouge de Svetlana Aleksievitch, mis en scène par Emmanuel Meirieu qui est un metteur en scène d’origine Lyonnaise de ma génération avec qui j’ai déjà travaillé sur un spectacle qui s’appelait Des hommes en devenir, un roman américain qu’il avait adapté de Bruce Machart. Il a un style très particulier : il adore la fiction, le théâtre émotionnel, il est engagé en même temps. Il fait un théâtre de témoignage mais pas un théâtre documentaire. C’est-à-dire que la plupart du temps ce sont des monologues, mais les acteurs viennent en personnages donc il y a toute la construction à l’américaine de personnages avec maquillage, accessoires, etc. On arrive vraiment avec un univers, on se transforme. Il adore ça et on vient au micro parler à la première personne, témoigner d’un événement de notre personnage. Et il y a une succession en général de personnages qui déboulent sur scène. On est souvent filmés en direct en même temps, avec une vidéo fixe : lui, il est aux manettes et en fonction de ce qu’il voit, en fonction de ce qu’il ressent, il montre notre visage à tel ou tel moment, il les transforme. C’est matiéré, c’est artistique… Il matière avec son ordinateur en direct les visages et il y a des compositions musicales qui sont faites quasiment non-stop, qui ont été faites sur nous, sur nos voix. C’est un travail très intéressant. Et c’est avec une pléiade d’acteurs géniaux : Jérôme Kircher, Anouk Grinberg, Maud Wyler, André Wilms, Stéphane Balmino et Evelyne Didi. Vous verrez, c’est super. Les gens sortent en larmes, c’est éprouvant. C’est très fort, très beau. Et on passe à Marseille ! (Rires). On crée ça aux Bouffes du Nord en septembre et en octobre on vient deux semaines à Marseille à La Criée, après on va à Nice, à Toulon. Donc ça va me prendre beaucoup de temps, en parallèle de la création de l’école. Et Le Fantôme d’Aziyadé, on le reprend à Paris au Lucernaire en janvier et février. Plus pleins d’autres trucs qui se profilent, sans oublier le Conservatoire.

Le festival ne fait que commencer mais auriez-vous un coup de cœur à partager pour ce Festival OFF 2019 ?

Je n’ai pas encore vu de spectacles mais j’ai beaucoup d’anciens élèves qui jouent. J’ai un élève qui fait un seul en scène. Il en a même deux. J’ai vu un des deux spectacles, ça s’appelle Conseil de Classe. C’est extraordinaire pour un seul en scène. C’est très intelligent. L’acteur est génial, il s’appelle Geoffrey Rouge-Carrassat. C’est vraiment un de mes anciens élèves qui promet beaucoup. Et il fait un autre spectacle que je n’ai pas vu, Roi du Silence qui a l’air super aussi. Les deux spectacles se jouent au Théâtre des Barriques.

Pour conclure, je vous laisse le mot de la fin.

Je trouve que c’est devenu énorme Avignon. Je ne comprends pas comment on peut être spectateur du spectacle d’Avignon. Je n’arrive pas à imaginer comment on peut s’organiser. Moi, je serais effrayé de rater des choses qui sont sûrement passionnantes. En même temps, ça a toujours été la force de ce festival : il faut se laisser aller. On est obligé d’être ouvert aux autres quand on est spectateur. On ne peut pas arriver avec des certitudes et, encore plus maintenant car il y a tellement de choses. On est obligés d’écouter dans les files d’attente, on est obligés de parler aux gens, de partager ce qu’on a aimé, d’écouter ce que eux ont aimés, d’essayer que les autres nous convainquent et nous d’essayer de convaincre, donc de trouver des bons arguments parce que c’est excitant quand on a trouvé un spectacle de savoir qu’on a permis à des gens d’aller voir ce spectacle que l’on a aimé. Et donc il faut trouver les bons arguments et ça oblige à réfléchir. Pourquoi j’aime ? Pourquoi est-ce que je n’aime pas ? Et finalement, le festival c’est un peu ça : c’est à la fois s’ouvrir aux autres et s’ouvrir à soi et essayer peut-être de mettre des mots sur ses émotions, sur ses sensations, sur ses impressions, sur ses goûts, de savoir pourquoi on aime, pourquoi on n’aime pas. Et puis de lâcher prise parce que sinon il n’y aucun moyen de maîtriser quoi que ce soit en tant que spectateur. Donc je suis à la fois effrayé pour eux et en même temps je me dis que c’est vraiment une super belle occasion de se sentir vivants avec les autres.

Un grand merci à Xavier Gallais d’avoir pris le temps de répondre à mes questions pour Ciné, Séries, Culture.

Le Fantome d'Aziyade

Providence


Le Fantôme d’Aziyadé (1h20)

  • Auteur : Florient Azoulay et Xavier Gallais, d’après Pierre Loti
  • Metteurs en scène : Florient Azoulay et Xavier Gallais
  • Avec : Xavier Gallais

A l’affiche du Théâtre Avignon-Reine Blanche du 6 au 26 juillet 2019 à 11h00 (à l’exception des 12 et 19 juillet). Plus d’infos sur : www.reineblanche.com

Providence (1h25)

  • Auteur : Neil LaBute
  • Metteur en scène : Pierre Laville
  • Avec : Xavier Gallais et Marie-Christine Letort

A l’affiche du Théâtre des Gémeaux à Avignon du 5 au 28 juillet 2019 à 13h45 (à l’exception des 12 et 19 juillet). Plus d’infos sur : www.theatredesgemeaux.com

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